RnD Café ☕️ – #381
PING PONG
Malgré le score hier, le RnD Café du samedi s’est transformé en RnD Sunday Tea Time…
Allez, c’est parti.
Les annonces liées à l’IA n’en finissent pas. Et ça, ce n’est pas un scoop.
États-Unis, Chine, États-Unis, France, États-Unis, Chine…
Où donner de la tête ?
Conséquence ? Cette semaine, plusieurs échanges avec nos clients ont porté sur le choix des outils IA (LLM) à intégrer dans leurs projets. Notre matrice d’aide à la décision s’enrichit, témoignant de la complexité grandissante des options disponibles.
Voici quelques réflexions à date.
🇨🇳 DeepSeek : puissant, mais à quel prix ?
Depuis son lancement récent, DeepSeek est scruté sous toutes les coutures. Oui, il est très performant (tests ici), mais son développement aurait coûté 1,6 milliard de dollars, bien plus que les 6M€ initialement évoqués (source).
Côté confidentialité, la version cloud envoie toutes les données en Chine (et plus encore). Pour limiter les risques (…), il est possible de le tester via Perplexity (modèle « R-1 ») sur un hébergement US.
Malgré son (pseudo) statut open source, plusieurs zones d’ombre persistent : manque de transparence sur son entraînement, liens possibles avec ByteDance (TikTok) et de nombreux biais identifiés (analyse ici).
Enfin, une étude d’Enkrypt AI (à prendre avec recul car c’est une société américaine) révèle que DeepSeek-R1 génère 11 fois plus de contenus nuisibles que le modèle o1 d’OpenAI.
Verdict : je continue mes tests mais je ne recommande pas de l’utiliser sur votre mobile ou en ligne via votre navigateur. Et sur vos installations, on va attendre encore un peu…
🇺🇸 Deep Research : OpenAI contre-attaque
Et puis en fin de semaine dernière, la réponse du berger (américain) à la bergère est tombée. OpenAI dévoile Deep Research, un outil intégré à ChatGPT (basé sur o3) capable de synthétiser des centaines de sources en quelques minutes pour produire des rapports très détaillés. Grâce à un modèle de raisonnement avancé, il offre des analyses approfondies ultra-rapides, permettant à certains professionnels de réduire drastiquement leur temps de travail (témoignages).
Actuellement réservé aux abonnés Pro (200$/mois), il devrait bientôt être disponible pour les abonnés Premium (100 recherches par mois). Un game-changer qui pourrait bien révolutionner la recherche en ligne – analyse ici.
Verdict : à tester bien sûr sur les sujets de synthèse dès que ce sera possible (comme une possible alternative à NoteBookLM de Google et l’arrivée de Gemini 2).
🇫🇷 Mistral AI muscle son jeu avec « Le Chat »
Mistral AI continue son ascension avec la refonte de son assistant « Le Chat », désormais disponible sur mobile depuis jeudi. Doté de la fonctionnalité Flash Answers, il peut générer jusqu’à 1 000 mots par seconde (démonstration).
Ce chatbot propose une palette complète de fonctionnalités : recherche web, analyse de documents, co-écriture, génération de code et création d’images via le modèle Flux (aperçu). En prime, un partenariat avec l’AFP garantit un accès à des informations vérifiées. Une alternative crédible à ChatGPT, alliant vitesse, polyvalence et fiabilité.
Verdict : je bascule pour un mois de test 100% sur Mistral
Autres annonces de la semaine :
- Après Qwen 2.5 (🇨🇳), arrivée d’un autre modèle open source Tülu 3 (🇺🇸) s’appuyant sur Llama.
- Des chercheurs de Stanford et de l’Université de Washington ont créé un modèle de raisonnement performant en 26 minutes pour le prix d’un bon dîner. Leur technique ? Demander à Gemini (Google) d’expliquer 1 000 problèmes, puis entraîner Qwen (Alibaba) à imiter son raisonnement. Résultat : S1 rivalise avec OpenAI o1 et DeepSeek R1 en maths et en code.
C’est bien joli tout ça, mais on en retient quoi objectivement ?
La fièvre IA ne doit pas nous détourner des objectifs business. A lire d’ailleurs sur ce point, l’excellente tribune de Marie Dollé. Avec l’IA, produire plus, plus vite, devient une norme ; l’intention disparaît au profit de l’exécution infinie.
Et donc sur nos objectifs, les tests déjà lancés suivent leur cours, les nouveaux doivent démarrer. Et l’on ne va pas attendre à chaque fois la dernière version de telle ou telle techno.
On peut résumer la question ainsi : quelle technologie choisir (développement, automatisation, IA classique, IA générative), sur quel socle technique s’appuyer, pour quel usage (productivité, création de valeur) et avec quelles contraintes (confidentialité, coût financier, impact énergétique, souveraineté) ?
Nous avons développé une matrice pour y répondre et pour ne rien vous cacher – car la maison ne recule devant aucun sacrifice – la réponse est la suivante :
- Tests rapides (les fameux POCs) sur des plateformes propriétaires
- Mise en place d’une stack open source (dit autrement : une boîte de briques de Lego) qui s’enrichit peu à peu pour garder l’autonomie lors des déploiements
Pour vous faire une idée des plus et des moins des forces en présence, jetez un coup d’œil à ce benchmark réalisé par Yvan Demumieux.
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Et si vous cherchez un récap exhaustif des nouvelles annonces liées à l’IA, abonnez-vous au Big Récap d’Emmanuel Vivier.
En termes d’adoption, l’étude publiée par Sopra Steria apporte un regard complémentaire. Seules 22% des grandes entreprises ont déployé une IA générative à l’échelle en raison principalement de trois grands freins :
- Gouvernance des données insuffisante.
- Obstacles organisationnels et techniques.
- Difficulté à recruter et à aligner experts IA et équipes métiers.
Aligné avec leurs recommandations, pour accélérer :
- Prioriser l’impact sur le business : déployer des solutions concrètes et utiles.
- Explorer l’IA agentique : passer du « Text-to-Text » au « Speak-to-Action ».
- Combiner plusieurs modèles IA pour optimiser coût, performance et empreinte ESG.
- Assurer une IA responsable, notamment via les données synthétiques et la conformité à l’AI Act.
GOUVERNANCE & RÉGULATION
À propos de l’AI Act, il est entré en vigueur
Depuis le 2 février, l’UE interdit les IA jugées à risque inacceptable, comme le scoring social, la manipulation subliminale, la reconnaissance faciale illégale ou la prédiction criminelle basée sur l’apparence. Les entreprises non conformes risquent jusqu’à 35M€ d’amende ou 7% de leur CA. Détails ici.
Si plus de 100 entreprises (Amazon, Google, OpenAI…) ont signé un pacte volontaire pour anticiper ces règles, certains acteurs comme Meta, Apple ou Mistral AI restent critiques. Des exceptions existent pour les forces de l’ordre et certaines applications médicales. L’UE doit encore clarifier l’articulation de cette loi avec le RGPD et d’autres régulations.
L’IA Summit c’est demain
Le Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle se tient à Paris les 10 et 11 février 2025, rassemblant chefs d’État, dirigeants, PDG, universitaires et représentants de la société civile. Il vise à promouvoir une IA éthique et inclusive, en abordant des thèmes comme l’intérêt général, l’avenir du travail, l’innovation culturelle et la gouvernance mondiale.
Demandez le programme.
À l’occasion, les annonces se succèdent et la France accélère.
- Bpifrance investira 10 milliards d’euros d’ici 2029 pour soutenir l’IA française, en finançant startups, infrastructures et innovations, tout en accompagnant les entreprises dans leur adoption de l’IA.
- Parallèlement, le gouvernement a lancé l’Inesia, un Institut national pour l’évaluation et la sécurité de l’IA, chargé d’analyser les risques, d’évaluer les modèles et de soutenir la régulation. À quelques jours du Sommet pour l’Action sur l’IA, ces initiatives renforcent la souveraineté et l’expertise française dans un secteur stratégique.
Enfin la CNIL a publié son bilan 2024. La commission a rendu 331 décisions en 2024, avec une nette hausse des sanctions (87, soit x2 vs 2023), dont 69 en procédure simplifiée (x3). Elle a également prononcé 180 mises en demeure et 64 rappels à l’ordre.
Les amendes cumulées dépassent 55 millions d’euros, confirmant un renforcement du contrôle et des sanctions en matière de protection des données. À lire chez Fanny Cros.
AGENTS & USAGES
C’était l’une des autres news importantes de la semaine : Hugging Face (français exilés aux US) est une plateforme historique de l’IA, une véritable boîte à outils.
Ils ont lancé cette semaine un « AI App Store« , regroupant plus de 400 000 applications dédiées à l’IA. Cette plateforme permet une recherche rapide d’outils spécifiques.
En quoi c’est intéressant ? C’est un vrai gain de temps pour chercher des modules existants répondant à des tâches précises : « Trouve-moi un outil de montage vidéo avec sous-titres » ; « Trouve-moi une superposition de logo sur des objets« , etc.
Si le concept d’agent n’est pas clair pour vous, regardez ces 5 exemples opérationnels pour les équipes commerciales construits avec Operator, l’agent d’Open AI qui prend la main sur votre navigateur : Analyse concurrentielle, Recherche de prospects, Préparation de supports de vente, Veille marché, Planification de réunions.
Probablement un vrai gap entre les promesses et les résultats mais intéressant à décortiquer.
D’autres acteurs comme cette start-up Topo.
Et dans ce même contexte de vente, des start-ups comme Topo investissent le terrain en automatisant la génération et la qualification de leads, optimisant la prospection sans remplacer les commerciaux. À voir ici.
Autre sujet lié aux agents : la voix > probablement la prochaine interface universelle !
- Eleven Labs, l’un des acteurs principaux permet à tout le monde de créer des voix sur des contenus longs : articles, podcasts, etc.
- Avec ces outils, Solda.AI révolutionne la vente avec des agents IA capables de gérer tout le processus commercial, de la qualification des leads aux relances, avec une voix ultra-réaliste (<1 % d’erreurs détectées).
- Retellio automatise l’analyse des appels clients et internes pour créer un podcast hebdomadaire de 30 minutes, aidant les dirigeants à rester informés sans perte de temps. Lu chez Magma.
- Je ne peux que vous inciter à lire ces quelques slides de Andreessen Horowitz, également connu sous a16z, fonds américain de capital risque fondé en 2009 par Marc Andreessen et Ben Horowitz sur leur vision des agents IA avec de la voix.
Les agents vocaux IA sont particulièrement adaptés aux industries où le téléphone est essentiel (logistique, recouvrement, santé) et où les appels suivent un format structuré avec des résultats mesurables. Ils permettent une réduction des coûts de plus de 50 %, avec une performance similaire à celle d’un humain, poussant les entreprises à repenser leurs effectifs. Les premiers usages se concentrent souvent sur les appels hors horaires ou à faible enjeu, avant une adoption plus large.
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OUTILS
Côté outils, il est toujours intéressant de suivre leur évolution rapide, non pas forcément pour les utiliser vous-même, mais pour pouvoir échanger avec vos interlocuteurs créatifs.
Photos
Gilles Guerraz propose un benchmark des solutions actuelles (MidJourney, Flux 1.1 Pro RAW, Mystic Super Real, Google Imagen 3, Ideogram 2.0, Runway Frames), illustrant le niveau impressionnant de photoréalisme atteint par l’IA.
Vidéo
La toile continue de s’agiter autour de KLING et de sa fonctionnalité « Elements », qui permet de générer des vidéos en combinant plusieurs objets. Nombreuses applications e-commerce, social media, formation… Autres exemples ici.
PIKA enrichit chaque semaine ses fonctionnalités vidéo, devenant un outil incontournable pour les community managers.
Et si vous souhaitez mieux comprendre la fonction REMIX de SORA, voici un exemple très concret.
AVATARS
Les avatars peuvent interagir avec des objets (voir la semaine dernière) et désormais faire davantage de gestes. Le pire est vraiment à craindre en matière de deepfakes. Un projet financé par ByteDance (TikTok) fait déjà parler de lui.

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MARKETING
À quoi ressemblera la fonction marketing ? En tous cas, voici un portrait-robot du ou de la directeur(trice) marketing aux US (310 CMO interrogés).
Chaque jour, l’importance des contenus incarnés se confirme comme un levier essentiel pour instaurer la confiance entre marques et publics. Pour mesurer l’ampleur du défi, le rapport Edelman sur la confiance des citoyens dans les marques est une lecture incontournable.
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Cet article résume bien les enjeux de la création de contenus pour une marque en 2025. Elle permet de créer une audience engagée, d’être résilient face aux évolutions technologiques et politiques, et d’adopter une approche multicanale et adaptable.
Le storytelling authentique devient un différenciateur clé face à l’essor des contenus générés par IA. Enfin, la qualité du contenu et une personnalisation approfondie sont essentielles pour capter l’attention et bâtir des relations durables avec son public. Et quand on voit ce genre d’outils, on se dit qu’il va y avoir du boulot pour ne pas se faire submerger par ces contenus cheap.
Dernier point : bien mesurer la performance de chacun de vos canaux de création de trafic reste incontournable.
Google vient de mettre à disposition un MMM en Open Source, MERIDIAN. Un MMM (Marketing Mix Modeling) est une méthode qui permet d’analyser et d’optimiser l’impact des différentes actions marketing (publicité TV, digital, promotions, etc.) sur les ventes ou d’autres objectifs business. On va tester ça.
SEARCH
Il n’y a pas eu une journée la semaine dernière où la question de l’impact de l’IA sur la recherche en ligne ne nous a pas été posée…
L’IA transforme radicalement la recherche en ligne, passant d’une logique de moteur de recherche à un moteur de réponse.
Avec des fonctionnalités comme Google AI Overviews, qui apparaissent dans près de 30 % des recherches et 74 % des requêtes problématiques aux US, les résultats générés par IA occupent une place dominante sur les pages de résultats (les SERP), reléguant les liens organiques et sponsorisés en dessous du premier écran.
Cette évolution menace le trafic organique (-25 % d’ici 2026, voire -50 % d’ici 2028 selon Gartner en 2024) et impose une adaptation des stratégies SEO vers le LLMO (Large Language Model Optimization, ou optimisation pour les grands modèles de langage), le GEO (Generative Engine Optimization, ou optimisation pour les moteurs de génération de contenu).
Les axes de travail ?
Optimiser son contenu pour être cité dans les résumés IA, structurer ses pages avec un HTML propre, des métadonnées claires et des temps de réponse rapides.
RÉSEAUX SOCIAUX
- LinkedIn : la vidéo monte en puissance.
- YouTube : mieux comprendre l’algorithme de recommandation.
- X : mieux comprendre
l’algorithmela grosse blague de moteur de recommandation. Le parquet de Paris ouvre une enquête sur le fonctionnement du réseau social X.
RH
LinkedIn expérimente un nouvel outil basé sur l’IA pour aider les chercheurs d’emploi à trouver des opportunités qu’ils n’auraient pas identifiées avec une recherche classique.
Grâce à un modèle de langage avancé, cet outil analyse les descriptions de postes pour suggérer des rôles correspondant aux compétences des utilisateurs.
Il permet d’effectuer des requêtes plus naturelles et précises, comme : « trouver un poste où je peux utiliser mes compétences en marketing pour aider l’environnement ».
CRÉATION
L’IA dans la création : entre fascination et crainte
L’IA générative ouvre des perspectives incroyables pour le design, mais soulève aussi une crise existentielle sur l’authenticité, l’éthique et l’émotion dans la création. Si elle accélère et démocratise la production, elle risque aussi d’uniformiser les résultats et de diluer la singularité humaine. L’approche de Paula Scher illustre bien ce débat, appelant à une réflexion collective pour définir des standards éthiques et préserver l’essence créative face à l’automatisation. Un article à lire absolument !
Mais restons positifs : la quête de singularité ne fait que commencer ! Pour s’en convaincre, voici « I’m a Prompt », un tout nouveau magazine numérique sur l’IA conçu entièrement grâce à l’intelligence artificielle. Une initiative d’Arnaud Templier 👉 Feuilleter.
Très bonne semaine !

Offre Acculturation et Mise en Pratique IA
Depuis quelques mois, nous accompagnons des dirigeants, des comex et désormais des équipes pour :
- Comprendre simplement le fonctionnement de l’IA générative, ses forces et ses faiblesses. En deux mots : se faire un avis objectif et savoir en parler.
- Analyser des cas usages propres à chaque fonction de l’entreprise dont le marketing et les RH.
- Identifier des tâches et process, sources de gains de productivité et de performance afin de mettre en place très concrètement les outils nécessaires (développement de POCs).
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