RnD Café ☕️ – #356
📌 Sommaire
Brèves :
- Hubspot sort son rapport sur l’état du Marketing en 2024
- Figma va nourrir son IA de vos prototypes
- CNIL : les sanctions du premier semestre et le blues des DPO
- JO et Menace Informationnelle
Chemin Parcouru
Encore une saison bien dense qui s’achève.
Concernant l’IA et l’usage que nous en faisons, Ethan Mollick revient dans cet article sur le chemin parcouru.
Comme toutes les technologies avant elle, l’IA progresse… mais à pas de géants.
Et même si tout n’est pas parfait, loin s’en faut, les améliorations technologiques deviennent significatives lorsqu’elles franchissent certains seuils.
Exemple : les appareils photos numériques ont dominé le marché une fois qu’ils ont atteint la qualité des Polaroid.
L’IA aura des effets variés sur de nombreux secteurs mais pour l’instant ses capacités sont inégales selon les tâches, même si certains seuils sont franchis (capacité de l’IA à transcrire des données à partir d’images, progression rapide de la génération d’images et de vidéos).
Exemple avec l’évolution du résultat de ce prompt au fil du temps :
fashion photoshoot inspired by Van Gogh
Pour autant, il existe encore une distinction entre la qualité visuelle et l’utilité commerciale même si elle s’amenuise. Et en termes d’adoption, l’expérience utilisateur reste un passage obligé.
En résumé, restez à l’affût des « impossibilités d’aujourd’hui » – elles pourraient bien devenir les réalités de demain.
C’est tout le travail que nous faisons : observer, analyser, apprendre, partager, tester, déployer.
L’objectif ne varie pas : garder un temps d’avance pour un numérique à impact.
Dire cela n’est pas tomber dans une technophilie béate. On me reprochait même récemment une certaine noirceur dans mes derniers éditos (IA Lassitude ?, Un POC après l’autre). Poke @Jean. Que nenni ! Juste une observation factuelle et pragmatique.
C’est également le sujet de réflexions cette semaine sur LinkedIn, initiées par Flavien Chervet et auxquelles Benoit Raphaël a répondu.
Résumé.
Le premier s’est opposé à cette « bien-pensante rassurante » sur l’IA.
« Tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas ». Non ! répond l’auteur.
- Les tâches à haute valeur ajoutées intellectuelle seront aussi automatisées,
- Les agents autonomes vont intégralement remplacer des métiers (compta, marketing, courtiers, …)
- Ce n’est pas un outil comme les autres, c’est une révolution,
- L’IA générale (super intelligence), c’est crédible – mais optimiste – de la voir débarquer dans les 3 ans (8-10 ans si l’on est pessimiste)
À cette analyse, Benoit Raphaël y oppose deux approches.
- Le pragmatisme : l’IA fait ceci ou cela
- La prospective : l’IA fera ceci ou cela
Arguments complets à lire ici.
Ces prises de recul sur notre quotidien sont salutaires.
Le Directeur Marketing de Coca, insiste, quant à lui, sur la nécessité d’expérimenter dans ce domaine pour inventer la suite (vu chez Superception).
Lors d’un atelier hier devant une équipe de 15+ personnes (marketing, innovation), la question ultra-légitime du coût écologique de l’IA est revenue suite à la parution de cet article : Google voit ses émissions carbone exploser à cause de l’IA (augmentation de 48% en 2023 par rapport à 2019).
Là encore, analyser les faits et lire entre les lignes s’avèrent riche d’enseignements. C’est ce que fait Raphaël Richard dans ce papier.
Sur la même période, le CA de Google a augmenté de 90 % et l’IA ne se résume pas à la génération d’images… Toutes les couches n’ont pas le même impact écologique. A noter que l’annonce peut potentiellement cacher que Google est en train de renoncer à sa neutralité carbone pour 2030… A lire ici + les conseils pour une utilisation raisonnée.
Si vous voulez fouiller le sujet, nous avions mis en avant en avril, cette analyse très complète sur le sujet de l’empreinte écologique de l’IA.
Cette semaine, quelques nouvelles sur le sujet de notre souveraineté numérique française.
Médiatisée en novembre dernier, KyutAI, le laboratoire de recherche français à but non lucratif, fondé par Xavier Niel (Iliad), Rodophe Saadé (CMA CGM) et Eric Schmidt (Ex PDG de Google), a dévoilé mercredi son chatbot vocal Moshi (à essayer ici – attention victime de son succès ; ce n’est encore qu’un proto).
Cet assistant conversationnel (vocal) fonctionne en temps réel avec des temps de latence réduits (seulement en anglais, avec marquage audio anti deepfake). Écoutez cette démo « phone call to the past ».
Développé en 6 mois par une équipe de 8 personnes, Moshi est une solution souveraine et open source, entraînée en France (supercalculateur Nabu2023 de Scaleway). Avec Mistral et Hugging Faces, on progresse.
En matière de numérique au sens large, ce n’est pas complètement ce que dit le rapport de la Commission Européenne publié cette semaine : State Of The Digital Decade.
Bien que des améliorations notables aient été observées dans certains secteurs tels que l’infrastructure numérique de base et les capacités de calcul avancées, de nombreux domaines cruciaux accusent encore un retard significatif. Parmi ces domaines en retard figurent le développement des compétences numériques au sein de la population, l’intégration des technologies de pointe par les entreprises, ainsi que la transformation numérique des petites et moyennes entreprises (PME). Ces lacunes persistent malgré les progrès réalisés dans d’autres aspects de la transition numérique.
L’Autorité de la concurrence y va aussi de son avis publié fin juin et résumé ici : 10 propositions dont l’investissement dans les supercalculateurs, la surveillance du non-contournement de l’AI Act européen par les grands acteurs, faciliter la mise à disposition de données et de ressources de calcul…
En matière de licence, Moshi sera distribué en licence Open Source permissive (cela permet d’utiliser, modifier et redistribuer le logiciel avec très peu de restrictions, à condition de mentionner l’attribution aux auteurs originaux et de ne pas les tenir responsables).
Mais au sein de l’AI Act, la définition de l’open source n’est pas encore assez précise comme le rappelle Etienne Grass. Il cite une étude qui a analysé 40 LLM Open Source pour vérifier s’ils le sont vraiment.
Pourquoi est-ce important ?
Dans les questions qui seront les plus posées au second semestre, figurera celle du choix de la brique LLM (chatbot pour faire simple) que vous utiliserez dans vos développements.
Soit vous ne choisirez pas en utilisant des outils en amont comme DUST qui sélectionnent le meilleur modèle en fonction de vos besoins, soit il faudra construire une matrice de sélection : puissance, licence open source ou non, souveraineté, frugalité écologique…
D’ailleurs à date, quels sont les modèles les plus répandus ? Sans surprise ChatGPT tient la corde (via ScaleAI).
En termes d’usage, ce carrousel résume bien l’autre question actuelle : quels sont les usages de l’IA en entreprise ?
Et en résumé, cela donne :
J’étais passé à côté du témoignage d’ALAN, start-up française spécialisée dans l’assurance santé, sur l’usage opérationnel de l’IA chez eux. C’est ici (via Laura Bokobza). Trois axes ont été travaillés par l’entreprise.
- Augmenter l’efficacité des collaborateurs
- Assistants s’appuyant sur la base de connaissance de ALAN (où l’on reparle de RAG et de DUST)
- Analyse Datas
- Réduire les temps de prospection commerciales de 50%
- Optimisez les comptes-rendus
- Réduire les coûts variables
- Service Client
- Validation automatique des documents fournis par les clients (50% de taux d’automatisation)
- Développer de nouvelles offres/services
- Quizz, Assistants
Côté Équipe, trois messages sont martelés : sélectionner les bons outils, utiliser l’IA en sécurité (confidentialité), la formation (on ne le répète toujours, pas assez je pense).
Sur ce dernier point, schéma utile à rappeler : l’usage de ChatGPT (ou autre) dans le contexte de l’amélioration de vos productions passe par un postulat : il faut itérer (pas de copier/coller à l’emporte-pièce).
Sur le sujet du service client, cela reste donc l’un des cas d’usages les plus cités. Synthésia vient de présenter sa solution Avatar dans un contexte de service client où l’on programme les interactions avec les publics (Dispo à l’automne). À voir ici.
C’est donc une solution qui embarque la matérialisation des scénario d’interaction (arbre de décision). On retrouve cela dans beaucoup de process d’automatisation actuellement. Exemple ici.
Toujours sur les avatars, ElevenLabs vient de proposer d’affubler vos représentants virtuels de voix de stars éteintes. Question droits, ce qui est possible aux US ne l’est pas en France comme le rappelle Betty Jeulin.
D’ailleurs sur le sujet des droits, l’industrie musicale est vent debout contre Suno ou Udio, ces outils text to music qui vous permettent de créer des chansons ou des jingle en une phrase. Ces modèle ont du être entraînés sur des artistes existants. Les actions en justice démarrent (À lire ici).
Toujours pratique de retrouver les sélections d’outils IA par thème. Ce récapitulatif est très bien.
Côté vidéo, ça y est, après le Buzz de la semaine dernière, Runway GEN-3 de Runway, l’outil qui permet de générer des courtes séquences vidéos est disponible. Les promesses de la démo sont tenues (voir ici).
Mais ce qui est plus intéressant, c’est de voir comment sont créées ces séquences.
C’est un combo MidJourney pour les images de base, Magnific pour les upscaller (plus de détails), RunWay GEN-3 pour la vidéo, Suno pour la bande son.
Si vous voulez découvrir à quoi ressemble un prompt MidJourney « pro » :
Photo type: Editorial photo, Subject: Inviting Futuristic 5-Star Tulum Hotel, inspired by tree-houses, Subject Focus: exquisite grand lobby, front desk, high ceilings, Mood: eco-luxury meets hospitality, Image Type: wide-angle lens, Low aperture, Environment Details: natural materials, sustainable design elements. Textures: jungle, open-air appeal, Tone: warm, vibrant editing style, appealing to all senses. –ar 7:3 –personalize [code] –sref [image link] –stylize 350
Connaissez-vous SEZAM, une banque de 700 images AI « d’inspiration » accessibles gratuitement ? Non seulement c’est très beau, mais également très instructif car tous les prompts sont détaillés. À voir également en situation dans le magnifique magazine sur l’IA générative, LHC.
Et pour terminer, le pire et le meilleur.
Le pire car si vous avez déjà entendu le terme « usine à troll » sans mettre un concept sur ces mots, regardez cette courte vidéo. C’est une démonstration alarmante de la capacité des fermes à trolls à générer des milliers de contenus manipulateurs en quelques secondes depuis un seul ordinateur de contrôle, mettant en lumière la vulnérabilité des débats en ligne.
Le meilleur, car avec ou sans IA, la créativité reste la créativité.
Très bon week-end à tous.
Offre Acculturation et Mise en Pratique IA
Depuis quelques mois, nous accompagnons des dirigeants, des comex et désormais des équipes pour :
- Comprendre simplement le fonctionnement de l’IA générative, ses forces et ses faiblesses. En deux mots : se faire un avis objectif et savoir en parler.
- Analyser des cas usages propres à chaque fonction de l’entreprise dont le marketing et les RH.
- Identifier des tâches et process, sources de gains de productivité et de performance afin de mettre en place très concrètement les outils nécessaires
En bref (ou presque)
🔢 Hubspot sort son rapport sur l’état du Marketing en 2024
Beaucoup de chiffres sur la notoriété, l’engagement, la confidentialité des données, l’efficacité, et la croissance. Très bien pour vos futures présentations.
🚨 Figma va nourrir son IA de vos prototypes
Alerte : Dès le 15 août, Figma utilisera par défaut les données des projets pour entraîner ses IA, risquant la confidentialité. Pour les projets sensibles, désactivez cette option dans les paramètres d’administration. Vu chez Guillaume Champeau.
€ CNIL : les sanctions du premier semestre et le blues des DPO
Depuis le début de 2024, la CNIL a adopté 22 sanctions via la procédure simplifiée, contre 24 pour toute l’année 2023, visant divers secteurs tels que les opticiens, avocats, et établissements d’enseignement.
Toujours chez Guillaume Champeau, une étude révèle que 57 % des DPO appartiennent désormais à des structures de moins de 250 salariés, contre 38 % en 2019, souvent sans formation juridique ou informatique, et avec des moyens limités. De plus, la fonction de DPO est généralement accessoire, 61 % y consacrant moins d’un quart de leur temps de travail.
🏋️ JO et Menace Informationnelle
VIGINUM a publié un guide à destination des médias et des journalistes fact-checkeurs sur les menaces informationnelles entourant les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, incluant des exemples de modes opératoires et des cas concrets de manœuvres.